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Je vous détexte

4 octobre 2011

Le bien par le mal.

                Nouveau concept. La recherche du bien par le mal. Etre au plus bas sans y penser. Ce matin-là, assise par terre, les mains qui tremblent en retenant ses cheveux, fébrile. La cuvette des toilettes est la seule chose qu’elle soit capable de contempler sans avoir le vertige. C’est très simple. Le problème est concret, il existe ; quant à la solution, elle est devant ses yeux. Mieux même : le problème est un mal pour un bien. Des nausées comme des souvenirs. Vodka. Gin. Manzana. Rhum. Et même la Clairette, Nico a insisté, voilà. Elle est mal et elle sait pourquoi. Ca a quelque chose de rassurant, de logique. C’est un jeu dangereux avec son corps. Un défi, un duel. « Si je fais ça tu fais quoi ? »… Elle lui fait du mal et il la punit. 

                C’est la même chose pour l’amour, puisqu’il faut bien utiliser ce mot. Il faudrait un nouveau mot, un mot court, un mot qui sonne clair. Pas un mot chargé des sous entendus de toute l’histoire de l’humanité. Pas un mot qu’on hésite à dire. Il faudrait pouvoir dire qu’on aime en disant autre chose, et ça ne gênerait personne, ce serait naturel même. On dirait « je t’aime » comme on dit « tiens tu t’es fait couper les cheveux ? ».

                 C’est donc la même chose pour l’amour, pense-t-elle en massant son cou douloureux. Des bleus plein la nuque et les nombreuses marques de morsure. Ils se griffent, ils se mordent, ils s’étrangleraient presque. C’est le seul moyen, vous savez, pour ne plus penser à rien. Etre dans l’état second de celui qui souffre et qui ne peut se concentrer que sur cette douleur. Une douleur que, pour une fois, on accepte de recevoir. L’abandon à l’autre. « l’amour » jusqu’à accepter d’avoir mal. Jusqu’à aimer avoir mal. Et ses dents qui s’enfoncent dans la chair, qui saisissent un petit bout de peau et qui serrent encore et encore. Et son corps qui l’étouffe et qui la protège. Incapable de bouger, seulement planter ses ongles dans le dos de ce mec presqu’idéal. Partager la douleur et s’embrasser et se débattre. Se faire du mal pour se sentir bien. Pour ne plus rien sentir. C’est ce qu’on recherche tous, n’est-ce pas ? l’abandon, quel qu’il soit. Avoir la paix et puis c’est tout.  

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22 août 2011

Le deuil sentimental

                Ce mec a quelque chose qui fait qu’on finit toujours par y revenir. C’est ce qu’elle se répète depuis le début. Mais le début de quoi au juste ? Leur relation, ce CDD amoureux qu’elle fait semblant d’approuver de A à Z ?... Parce que oui, bien sûr,  « on » sait très bien que ça ne rimerait à rien de continuer après son départ à Londres ; trop de contraintes et trop peu de jouissance à l’ère de l’autosatisfaction-avant-tout.  « On » a choisi de profiter des derniers moments qu’il nous reste. J’en passe et des meilleures. Mais que voulez-vous qu’elle lui dise, la petite ? Qu’elle est tombée amoureuse de lui en moins de trois rendez-vous et qu’elle donnerait tout ce qu’elle a pour qu’il reste ? Qu’elle fond en larmes à chaque fois qu’elle parle de lui à ses copines et qu’elle ne peut tout simplement pas le rayer de sa vie ? Du coup plus besoin qu’on lui fasse la leçon, elle se raisonne toute seule. C’est très clair dans sa tête, ça s’impose comme une évidence, comme lorsqu’on apprend la mort d’un proche. Interdit de pleurnicher ; elle a retenu par cœur les cinq étapes du deuil et les traverse dans le désordre, parfois toutes en même temps les soirs de solitude. Déni. Colère. Marchandage. Dépression. Acceptation. Elle le déteste et elle l’adore. Et puisqu’elle n’y peut rien de toute façon elle n’a qu’à se laisser porter par les événements. Voilà.

                Se laisser porter, ça elle sait faire. Etirer les grasses mat et rajouter toujours un peu plus de Nutella sur les tartines du matin.

                So for tonight, I’ll stay here with you. Yes for tonight, I’ll lay here with you.

                Inspirer profondément et ne plus penser qu’aux paroles de cette chanson. Parce qu’elle est persuadée qu’il y a une chanson qui correspond à chacun de nos états d’esprit aussi multiples soient ils. Elle a trouvé la chanson pour son deuil sentimental et elle se la passe en boucle en bonne fleur bleue, limite masochiste.

                And when the sun… Hits you eyes, through your window… There’ll be nothing you can do.

                Point. C’est dingue, la fatalité de cette affirmation. C’est pas possible qu’il s’en aille comme ça et qu’il la laisse toute seule cette pauvre fille. / Ça se fait pas, sérieux, sûrement encore un de ces connards arrogants qui n’ont toujours pas compris que le couple s’établit autour de deux personnes. Déni, colère… Elle peut les enchaîner comme ça à une vitesse folle, et quand elle a fini de pleurer elle éteint son ordi, laisse tomber sa tête sur l’oreiller et soupire avant de s’endormir. Le soupir c’est l’acceptation. Ce que Wikipédia n’avait pas expliqué, c’est que le schéma se répète encore et encore, comme la chanson qui revient dans sa playlist.

                La vie en vrac, pleine de gens et de mots pas tous à leur place. Des satellites qui suivent des orbites approximatives autour d’elle, une planète indécise à l’étoile non identifiée. Tu parles d’un système solaire ! Un beau bordel en somme. Difficile de ne pas se sentir « décalée » dans cet univers qui n’est pas le sien et qui n’est d’ailleurs à proprement parler l’univers de personne. Au milieu de ces gens qui changent et qui ne changent pas comme elle.

                Hier elle partait en promenade à cheval avec les petites copines du centre équestre ; aujourd’hui elle les regarde se rouler un join, le regard vague, pendant qu’un toxico un brin péremptoire leur narre les méfaits de l’alcool le plus sérieusement du monde. Elle sourit avec le sentiment d’être la seule à saisir toute l’ironie de la situation et se mord la langue quand l’orateur emploie le mot synapse à mauvais escient. Déformation professionnelle. Ca fait un bail qu’elle ne monte plus à cheval... Elle, elle s’achète des sacs soldés à 99€ et elle a soudain très peur d’être devenue cette pouf prétentieuse qui sort d’un modelage hawaïen « di-vin ». Elle les observe décoler tour à tour et, tout à coup, elle se sent absurde jusqu’au bout de sa french manucure.

 

 

 

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